J'ai vu récemment BIG MOTHER, de et par Melody Mourey au Théâtre des Béliers Parisiens. On connaissait Big Brother, la création terrifiante d'Orwell dans son roman d'anticipation 1984. Chez Orwell, la dictature était verticale, explicite et axée sur la peur. Dans l'univers imaginé par Melody Mourey, les moyens de contrôle social sont plus fluides, plus insidieux et axés sur la protection. Le discours est différent, mais le résultat est le même. La pièce est de fait assez terrifiante, mais on ne s'en rend compte vraiment qu'une fois sorti de la salle, lorsqu'on réfléchit à froid sur ce qui nous a été montré. Certes, les gentils journalistes font leur job au risque de leur vie, mais cela n'empêche pas, à la fin, le méchant d'accéder au pouvoir, parfaitement légalement, comme Hitler en 1933.
Le spectacle en lui-même est très plaisant, très tonique, les changements de décors sont fluides et les acteurs extraordinaires, notamment Karina Marimon, justement nommée pour le Molière de la Comédienne dans un Second Rôle.
BIG MOTHER est encore nommé quatre fois, notamment au titre de la meilleure pièce, la meilleure mise en scène, de l'auteur.trice francophone vivant.e et de la création visuelle et sonore
A voir absolument.